Séance 5 – Le temps du débat

Objectifs :
- Familiariser les apprentis critiques avec le débat. Prendre conscience du caractère précieux de cette étape orale pour commencer à mettre des mots plus précis sur les premières impressions ressenties.
- Mesurer de plus près les choix de mises en scène en mettant en pratique l'approche analytique amorcée en séance 4.
- S'initier à une démarche journalistique visant à récolter des informations sur le film et son réalisateur.

 

• Revoir et échanger les points de vue

Après un nouveau visionnage du film, une discussion sera ouverte au cours de laquelle les apprentis critiques mettront en commun leurs notes (voir activité de la séance 4). Ils s'interrogeront les uns les autres afin de s'encourager à creuser leur point de vue. Ils feront part de la scène qu'ils ont retenue et tenteront d'expliquer pourquoi elle les a marqués. Les questions qu'ils ont notées seront également partagées. Ce sera l'occasion de rappeler que c'est en premier lieu le film qui contient les réponses aux questions que l'on se pose sur lui.

• Un début révélateur

Qui se souvient des premières images du film ? Comment décrire l'univers singulier qui se présente au spectateur ? Un retour sur le début de L'Infante, l'Âne et l'Architecte (de 00:00:00 à 00:04:42) permettra de repérer certains motifs clés et de se livrer à l'exercice de la description, premier pas vers l'analyse. Les décors très dessinés, comme dans un film d'animation, les costumes, l'architecture du palais imposent un univers hiérarchisé et stylisé qui évoque le conte et la forme du rêve ou plutôt du cauchemar. Les fenêtres, le regard apparaissent comme deux motifs déterminants de la mise en scène. Quels rôles joueront-ils par la suite ? Le jeu des acteurs n'a rien de naturaliste, quelle impression nous donne les personnages ? À quoi, à qui pourrait-on les comparer ? Que dire de la figure de l'artiste représentée ? En quoi ce film ne ressemble à aucun autre que vous avez pu voir ?

Quelques premières associations seront proposées par le médiateur de la séance. Certains pourront déjà deviner l'influence picturale du cinéaste. Quelques références pourront être citées et soumises à réflexion, celles des peintres espagnols Diego Velasquez et ses célèbres Ménines (1656), qui fait de la relation entre le peintre et ses modèles une complexe question de représentation, et Francisco de Goya et sa Nature morte à la tête de mouton (1808-1812) qui met à nu un œil (qui semble nous regarder) au milieu d'une chair à vif, comme cela arrive également dans L'Infante, l'Âne et l'Architecte.
À Partir de ces exemples pourront être interrogés les éléments troublants, les parcours du regard, les enjeux de représentation ces tableaux partage avec le court métrage.

                             
         Les Ménines de Diego Vélasquez              Nature morte à la tête de mouton, Francisco de Goya



Peut être également mentionné le peintre italien Giorgio de Chirico pour ses représentations de paysages oniriques similaires au décor du film.

 

                                                   
                                                                 Mélancolie, Giorgio De Chirico 

 

L'idée n'est pas de citer obligatoirement ces références dans la critique mais plutôt de s'en servir en amont pour mieux réfléchir à l'oeuvre qui est proposée.

Atelier « Recherches et notes » :
En complément de ce premier travail d'identification, des recherches seront faites sur le réalisateur, Lorenzo Recio, son parcours, sa filmographie et sur la fabrication du film. Les apprentis critiques trouveront notamment des informations dans le making of du film en ligne sur le site d'Upopi.
Les participants à l'atelier sont vivement invités à se servir en premier lieu de leurs propres références, cinématographiques ou autres, si certains rapprochements leur paraissent pertinents pour dépeindre, cerner l'univers du film de Lorenzo Recio. Ils pourront notamment évoquer l'univers du conte ou d'autres références au cinéma d'animation (certains d'entre eux ont peut-être vu Le Roi et l'oiseau de Paul Grimault).
Au terme de cette séance, les apprentis critiques s'exerceront à décrire en trois, quatre lignes l'univers de film, comme s'il le racontait à quelqu'un qui ne l'a pas vu et sans raconter l'histoire. Quels détails les plus parlants auraient-ils envie de mettre en valeur ?