Comment définir le cinéma engagé ? Comment le différencier du cinéma militant ou du cinéma de propagande ? Selon la distinction étymologique proposée par Nicole Brenez, l'origine guerrière de l'adjectif « militant » (du latin militare, « être soldat ») désigne un cinéma enrôlé, obéissant à des ordres ou au cahier des charges idéologique d'une organisation politisée. Le terme « engagé », venant de « mettre en gage » (ses biens, mais aussi sa foi ou sa parole), renvoie quant à lui à une démarche cinématographique plus risquée et plus personnelle, notamment d'un point de vue formel.
Fondé sur la libre initiative, le cinéma engagé offrirait donc la possibilité d'un contrechamp social via la construction de nouvelles représentations : il s'agit de changer le cinéma pour changer le monde, mais aussi et avant tout le regard du spectateur. Non pas informer mais contre-informer, non pas divertir mais mobiliser par le biais d'un argumentaire en images et en sons ; s'en remettre à la force de ceux-ci pour défendre sa vision du monde et induire un passage à l'action. Ainsi le cinéma engagé est-il indéniablement « puissant » sur les plans cognitif, créatif et performatif, comme en témoignent les actes de censure voire de destruction des films qui en relèvent et le fait que nombre de cinéastes engagés ont vu leur liberté d'expression remise en cause.
Textes : Amanda Robles, docteure en études cinématographiques et audiovisuelles et réalisatrice, et Julie Savelli, maîtresse de conférences en études cinématographiques et audiovisuelles.
Supervision : Jean-François Buiré.
Réalisation : Ciclic, 2016.
Bibliographie : cf. la première entrée de la frise en plein écran