Dans la tourmente

Un documentaire de Meriam Azizi & Didier Zyserman

Zebras Films, Paprika Films / 52 minutes / 2014

Anouar, Amor, Saida, Imene, Abdennaceur sont quelques-uns des membres d'un collectif d’avocats, que nous suivons depuis janvier 2011. Avec eux, nous découvrons les enjeux et les coulisses d'un pays en transition : la Tunisie. Ces avocats, surnommés par les médias le groupe des 25, plaident en faveur de la mise en place d'un nouveau système judiciaire, qui mettra fin aux abus de l'ancien régime. Ils portent les aspirations de tout un peuple pour rétablir une démocratie réelle dans le pays.

MOTS CLEFS : justice / oppression / colère / Tunisie / révolution

Le point de vue des auteurs :

"Depuis janvier 2011 la situation sociale et politique a beaucoup évolué en Tunisie. Mal connue en France, la transition démocratique est longue et mouvementée. Dans ce contexte, notre film apporte un éclairage unique sur la situation du pays, envisagée depuis le point de vue des avocats. La force du film réside dans la relation intime tissée entre les réalisateurs et le collectif d’avocats : la confiance créée avec eux leur permet de suivre en situation le combat courageux de ces avocats tunisiens pour une justice indépendante…

Nous voulons restituer en même temps qu’une parole, les conditions dans lesquelles elle émerge, les obstacles auxquels elle se confronte, les conséquences auxquelles elle s'expose, sur le plan politique et social, mais aussi, de façon plus intime, dans la vie individuelle, le cercle des amis, celui de la famille ou des amours. Cette parole, souvent mise au service des victimes du régime déchu, sera d’autant plus forte qu’elle émane d’individus rompus à manier l’art oratoire et la dialectique au quotidien durant leurs plaidoiries.

Le film repose sur la relation que nous avons établie avec les avocats. Ils nous font confiance. Nous pouvons les filmer. Ils ont accepté de nous ouvrir leur porte et de nous laisser les accompagner dans la plupart des situations, y compris les plus délicates lorsqu’ils rencontrent notamment des membres du gouvernement ou des familles des victimes et blessés de la révolution. Nous sommes les seuls à les suivre depuis qu’ils se sont constitués en collectif et à nous attacher à comprendre leur action depuis les origines."

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Cinéma et révolutions arabes - Archives IB - Mois du doc. 2014

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Un contexte explosif : l'après révolution et les conséquences d'un mouvement

Tunisie, 2013. Deux ans après la chute du régime de Ben Ali, les anciens dirigeants de la dictature sont toujours en liberté. Le nouveau gouvernement élu en octobre 2011, dominé par le parti islamiste Ennhadha, n’a rien accompli pour faire condamner les responsables des crimes de sang et de corruption. Les victimes et leurs familles attendent toujours la réparation morale et financière des crimes qu’ils ont subis, soit par le décès d’un proche, soit par la spoliation de leurs biens par l’ancien clan mafieux au pouvoir.

Un climat chaotique s’est installé dans le pays, l’économie est en crise, des individus sont menacés dans leur intégrité physique, les défenseurs des droits de l’homme et en premier lieu les avocats sont à leur tour inquiétés dans l’exercice de leur métier. Les avocats avaient accueilli dans l’enthousiasme la chute du régime de Ben Ali et imaginé pouvoir confronter la Tunisie à son passé. Ils se rendent compte désormais qu’en l’absence de soutien officiel de l’Etat tunisien, leur action est vouée à l’échec. Est-ce la fin du rêve de voir triompher une Justice indépendante en Tunisie ?

C’est dans ce contexte explosif que « le groupe des 25 », collectif d’avocats qui se déclare avant tout civil, œuvre depuis 2011.

Cherfedine, Imène, Amor, Hédi, Anouar et Saida, figures éminentes de ce collectif qui se bat pour faire condamner par la justice les responsables des crimes de sang de l’ancien régime de Ben Ali, luttent pour établir une « justice transitionnelle » en Tunisie. Le film les accompagne durant une période cruciale: les premières manifestations pour une justice indépendante, les premières élections libres en Tunisie, et les premières confrontations avec le pouvoir en place.

Malgré l’absence de soutien du gouvernement, malgré les menaces de mort dont ils font l’objet, le Groupe des vingt-cinq défend les victimes de l’ancien régime pour obtenir la réparation de leurs droits. Ce moment est l’épreuve de vérité de son engagement. Comment chacun va-t-il négocier les obstacles qui se dressent sur son parcours : menace des anciens membres du parti au pouvoir, rumeurs malveillantes pour les déstabiliser, mise en jeu de leur avenir professionnel, hostilité d’une partie de leurs confrères? Ici, la Justice est une puissance tutélaire, soif d’équité et affaire d’une vie. Quelles répercussions cet engagement aura-t-il sur chacun ? En quoi va-t-il les transformer ?