Cascadeur, alpiniste, danseur, magicien, comédien dans la plupart de ses films, portrait d'un réalisteur tenace et audacieux.
Le nom de Thomas Salvador ne vous dira peut-être rien, mais ce réalisateur autodidacte a déjà tourné 6 courts métrages et son long métrage Vincent n'a pas d'écailles est sorti en février 2015. Depuis maintenant une quinzaine d'années, Thomas Salvador trace un sillon atypique dans le milieu du court métrage et du cinéma français.
D'abord technicien sur les tournages en tant que régisseur ou assistant réalisateur, Thomas Salvador a réalisé son premier court métrage, Une rue dans sa longueur en 1999. La légende veut qu'il ait financé ce premier film avec un remboursement d'assurance. Dans la continuité de ce premier essai qui nous propose de déambuler dans une rue et d'y rencontrer trois personnages différents, l'apprenti cinéaste (comme il a pu régulièrement se définir lui-même) va ensuite réaliser Là ce jour en 2001, Petits pas en 2003 et De sortie en 2005, trois courts métrages aux propositions variées, qui ne racontent pas forcément une histoire, qui proposent une forme de narration pas tout à fait "classique", avec très peu de dialogues, un montage pas tout à fait linéaire. Des essais de réalisation ou des films expérimentaux pourrait-on dire pour définir (trop) rapidement un genre de cinéma qui n'explique pas tout, qui ne souligne pas toutes ses intentions et qui laisse une place au spectateur pour émettre des hypothèses sur les envies et les intentions du réalisateur et s'inventer sa propre histoire.
Parfaitement lucide sur le genre de cinéma qu'il fabrique et sur le fait que ses films peuvent surprendre, étonner voire dérouter par une forme de cinéma épuré et non-narratif, Thomas Salvador sait aussi nous proposer des pures séquences de cinéma burlesque, des cascades, des chutes et des roulades et une forme de poésie douce et élégante.
Une autre force du cinéma de Thomas Salvador, c'est évidemment sa présence énigmatique, burlesque voire athlétique comme comédien principal de la plupart de ses films. Eternel "jeune homme", apprenti danseur, cascadeur de choc ou alpiniste aguerri,Thomas Salvador traverse la plupart de ses films avec son corps fin et mince et ne recule devant aucune cascade ni chute, des plus simples à réaliser (se jeter sur son lit) jusqu'aux plus impressionnantes (se laisser tomber du haut d'un arbre ou d'un rocher). Avec le documentaire Dans la voie. Portrait d'un guide au travail réalisé pour la chaîne de télévision Arte en 2004, Thomas Salvador sait aussi embarquer le spectateur dans une forme de cinéma plus classique au travers d'une belle séance d'alpinisme conduite par un guide de haute montagne.