Un inventeur tourangeau au service du Tour de France

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Le Tour de France s'est élancé sur les routes le week-end dernier. Pour marquer le départ de la Grande Boucle, Mémoire vous propose de découvrir l'étonnant voyage de Jean Arhuero lors de son éditon 1948. 

Jean Arhuero est l'inventeur des premières développeuses rapides en France, construites dans son atelier de Joué-les-Tours (Indre-et-Loire). Sur le Tour 1948, ses machines permettaient de développer 120 m de pellicule 16 mm inversible en une heure. Cette prouesse technique a inspiré l'aventure dont l'on aperçoit les contours dans le film tourné en 9,5 mm par Marie-Françoise Voisin, l'assistante de Jean Arhuero, devenue quelques années plus tard son épouse.

Une incroyable aventure

Tout commence par une sollicitation inattendue dans un salon professionnel à Paris en 1947. Jean Arhuero présente ses développeuses universelles et il est abordé par Georges Briquet, célèbre commentateur sportif de la RDF.  En cinq mois, Jean Arhuero doit concevoir une cabine de développement ambulante qui permettrait chaque soir de developper en un temps record les films tournés dans la journée tout au long de l'étape. 

Pendant vingt-cinq jours, le petit laboratoire roulant suit la caravane du tour. Dans chaque ville d'arrivée, Jean Arhuero et son assistante doivent trouver un emplacement avec l'eau courante et un branchement électrique. Ils y installent chaque soir leur laboratoire de développement. Vers 18h, après l'arrivée de l'étape, l'opérateur Michel Wakhévitch leur remet les précieuses bobines tournées sur le Tour, le développement est effectué avant 20h afin que le film soit monté pour être projeté à 22h au public local ! Lors de la projection, "Le film de l'étape" est commenté en direct par Georges Briquet, véritable vedette à l'époque !Marie-Françoise filme "Chacun son Tour"

Malgré des journées interminables et la fatigue, Marie-Françoise Voisin, membre du Club des Amateurs Cinéastes de Touraine (le CACT), filme tout au long du voyage les "à -côtés" du Tour de France qu'elle rassemble avec Jean Arhuéro dans un montage intitulé "Chacun son Tour". La star de son film, c'est surtout le petit laboratoire ambulant, peint aux couleurs de l'entreprise qui finance toute l'opération : les établissements Judex, à l'époque célèbre fabriquant de montres. La petite cabine est remorquée chaque jour par le car des éditions musicales Paul Beuscher. L'ambiance est joyeuse car le véhicule est rempli de musiciens. L'accordéoniste Emile Prudhomme, les Soeurs Etienne jouent et entonnent des airs, pendant que les vendeurs de chanson s'activent auprès du public. 

Epilogue

Cette expérience un peu folle sera pour le couple la première d'une longue série : le Tour cycliste du Dauphiné en 1949, l'élection de Miss Cinémonde en 1951, les Fêtes de Bayonne et trois autres tours de France... Reste à savoir ce que sont devenus les films 16 mm tournés et montés par Michel Wakhévitch pour ces soirées d'été autour du "Film de l'étape". Ont-il été conservés par sa famille ? Dans les archives de l'entreprise Judex ? Se trouvent-elles dans un grenier, une cave?

Nous les recherchons toujours, si vous les retrouvez au fond d'un grenier ou d'une cave, n'hésitez pas à contacter l'équipe de la chaîne Mémoire.

Cette histoire rencontre celle de la télévision française. En 1949, Pierre Sabbagh, premier présentateur du journal télévisé, veut prendre de vitesse les actualités cinématographiques et rendre compte au jour le jour de l'avancée de la plus célèbre épreuve sportive de France. La RTF (devenue ORTF en 1964) s'équipe avec des développeuses universelles Arhuéro et deux opérateurs sont envoyés à moto sur le terrain : Henri Persion... et Michel Wakhévitch, déjà complice du "film de l'étape" en 1948. Grâce au concours spécial des postes, le tout jeune journal télévisé peut diffuser à midi les images de l'étape de la veille !

L'Assassin aux tulipes rouges. Sur le Tour de France 1948, le réalisateur Jean Stelli tourne un film policier qui utilise la "Grande Boucle" comme toile de fond. Des meurtres sont commis pendant la course et chaque fois l'auteur du crime laisse une tulipe rouge à côté du cadavre. "Cinq tulipes rouges" met en scène Raymond Bussières, Annette Poivre et René Dary. Dans son propre film, Marie-Françoise Voisin filme en 9,5 mm la grosse caméra du tournage professionnel et une scène du tournage (vers 4:05). 

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