Retour sur l'atelier d'écriture avec Tanguy Viel

Tanguy Viel a mené les 4 et 18 mars 2017, à la Médiathèque Albert Camus d'Issoudun, deux ateliers d'écriture à partir et sur des images d'archives amateurs organisés par Ciclic. Les ateliers étaient sur inscription, les participants devaient s'engager à suivre les deux samedis après-midi.

Tanguy Viel, auteur de 44 ans, suivi depuis son premier roman ''Le Black Note'' par les Editions de Minuit, courait de librairie en librairie, de plateau TV en station de radio en ce début d'année 2017 accompagnant le succès de ''Article 353 du code pénal'' son dernier roman. Rendez-vous était pourtant donné à Issoudun en ce début mars pluvieux avec les sept participants qui avaient choisi de « jouer » avec cet écrivain fort occupé et pourtant très attentif, très pédagogue et très exigeant. Seraient présents : Laurent d'Orléans, Patrick de Bourges, Annie et Odile issoldunoises, ainsi que Christine, Gilbert et la benjamine Anabelle, lycéenne.

Premier samedi après-midi
Après une projection de films choisis, tous en lien avec la Ville d'Issoudun et ses alentours, sept extraits de 3 à 5 minutes issus des collections de films amateurs de Ciclic, suivi d'une lecture : Jon Kalmann Stefansson ''Entre ciel et terre'' (extrait), Charles Dickens (extraits), des directives précises et une règle du jeu, l'atelier se lança dans trois quart d'heure d'écriture. Tous avaient bien en tête la nécessité de dépeindre « l'humeur profonde des lieux », le « fatum ». Il est peut-être nécessaire de dire qu'en cet après-midi pluvieux, les murs de la ville d'Issoudun, ni sa campagne ne s'éclairèrent...
Puis vînt la lecture, les échanges, les conseils et les attentions du « maître » plutôt bienveillant et encourageant.

Le temps d'une pause et l'on repartait vers une autre proposition : l'autoportrait en situation (avec en creux une certaine idée de soi), l'inscription dans le lieu.
Lectures : le « tu » de Georges Perec dans ''Un homme qui dort'' 1967 (extraits), puis Stendhal ''La chartreuse de Parme'' 1839 (extraits), le « vous » de Michel Butor dans ''La modification '' 1957.
Ecriture avec de nouvelles règles, de courts paragraphes de 5 à 6 lignes, impliquant le soi dans un lieu ou un décor.
A nouveau le partage des textes, cette fois plus rapidement, le temps pressait car la fin de journée s'annonçait, tous l'avaient déjà senti à la pâleur de la lumière de cette journée pluvieuse.
La directrice de la Médiathèque nous fit sortir par une issue de secours et nous nous quittâmes presqu'amis sur l'esplanade en nous engageant à nous revoir quinze jours plus tard.

Deuxième samedi après-midi

Le deuxième samedi se tînt dans un décor tout aussi sombre, il pleuvait encore sur Issoudun, comme si la pluie accompagnait toujours ce brestois de naissance. Cette fois, les participants avaient eu pour consigne de s'imprégner des images de films amateurs sélectionnées dans un album (voir les liens) sur www.memoire.ciclic.fr
Certains avaient bien suivi la consigne, d'autres pas du tout. Petite mise au point, rappel à l'exigence et au respect des contraintes puis lecture : Claude Simon cette fois, ''L'acacia" 1989, l'idée de mouvement par l'écriture, toujours la présence du paysage, un leitmotiv qui balaya l'ensemble des deux ateliers.
Les participants se lancèrent dans un travail d'écriture plus ambitieux avec la nécessité de coller autant que possible aux images et films choisis. Lors de la restitution, une heure plus tard, le texte dit se devait de coller ou tout au moins d'accompagner les films amateurs : L'Aérodrome d'Issoudun-Le Fay, Magasin de grain à Issoudun, Vidage de l'étang de la Boulerie, Arrivée de délégations à Issoudun, et d'autres retenus sur www.memoire.ciclic.fr
L'image projetée devant parfois faire d'incessants allers-retours pour coller à la parole. Le résultat était parfois prometteur, on pestait contre le manque de temps et de moyens techniques. Il s'agissait d'atelier d'écriture et tous auraient aimés voir aboutir le travail, lu par un acteur ou une actrice, monté et structuré par un monteur ou une monteuse professionnelle. Une fois de plus, la preuve était faite du pouvoir des mots, du rythme, du poids et de la structure de la phrase, de leur apport aux images.
Cette deuxième partie de l'atelier s'acheva sur des envies de faire mieux, encore plus. Laurent et Patrick écrivent toujours c'est certain, Anabel persistera-t-elle dans son désir d'aller plus loin? Les autres ont très certainement acquis plus de confiance, le "maître" plein de bienveillance était là pour cela. Enfin, tous furent contents de vivre un moment simple et privilégié.

Biographie de Tanguy Viel
Tanguy Viel est né à Brest en 1973. Il a publié son premier roman, Le Black Note, en 1998 aux Editions de Minuit.

En 2003, il est lauréat de la Villa Médicis et passe un an à Rome avant de venir s'installer à Beaugency (45) où il vit aujourd'hui. Ont été également publiés aux Editions de Minuit Cinéma (1999), L'absolue perfection du crime (2001), Insoupçonnable (2006), Paris-Brest (2009), La disparition de Jim Sullivan (2013), Article 353 du code pénal (2016) et un récit chez Desclée de Brouwer, Cet homme-là (2009) et Hitchcock, par exemple chez Naïve (2010).

Il a reçu le Prix Fénéon en 2001 pour L'absolue perfection du crime. Pour France Culture, Tanguy Viel a écrit plusieurs fictions : Maladie (2000), Mère et fils (2001), Secrets de famille, France-Culture, 2002, Les conséquences du vent dans le Finistère Nord (2008) et Avance Rapide 2, enregistré en public au Quartz de Brest dans le cadre du Festival Longueur d'Ondes 2009.