Atelier d'écriture ou résidence de scénario, texte universitaire, critique, à plusieurs mains, journal de bord ou carnet de route, prose ou poésie, de l'écrit à l'écran, du papier à la mise en voix... Ciclic promeut une galaxie de formes d'écriture. 3, 2, 1... Décollage !
Si "écrire n'a pas sa fin en soi-même, précisément parce que la vie n'est pas quelque chose de personnel", paraphrasant Gilles Deleuze, écrire n'a pas d'autre fonction : être un flux qui se conjugue avec d'autres flux - tous les devenirs-minoritaires du monde. Politique, instantané et mutant, celui-ci oscille entre création et destruction, passant par le fini pour retrouver l'infini.
L'écriture au coeur de l'oeuvre
Le processus d'écriture est au coeur des oeuvres et l'agence tend à le faire émerger. De longue date, elle soutient l'écriture du 1e ou 2e long métrage. Depuis deux ans, elle se renouvèle pour offrir à des scénaristes une residence de travail, s'associant avec le magazine So Film, Canal +, le CNC, la Sacem, et deux autres collectivités (la Région Nouvelle Aquitaine et le Département du Lot-et-Garonne). Ecriture "à contraintes" puisqu'il s'agit là de scénarios de courts métrages dits "de genre". Cette deuxième session, après la précédente édition mettant à l'honneur le cinéma fantastique, voit l'équipe sélectionnée se concentrer sur le polar.
Un incubateur littéraire
Une des fiertés de l'agence est de jouer souvent un rôle d'incubateur, notamment grâce à son Labo de création littéraire, où elle propose à des écrivains, poètes ou auteurs graphiques d'expérimenter de nouvelles formes. Après Tanguy Viel et les prémisses de son dernier roman, le chantier poétique de "...nous habitons vos ruines, mais.", on y retrouve ces temps-ci le BDiste tourangeau Terreur Graphique et son feuilleton en gifs animés Inspirez ! Conspirez !
D'autres fois, Ciclic se joue maïeuticienne et fait passer ses préoccupations au crible de la jeune littérature contemporaine, où celle-ci revisite les auteurs classiques (Pierre Senges réinventant les derniers jours des figures du patrimoine littéraire du Centre-Val de Loire), développe un imaginaire universel autour de films amateurs (comme Emmanuelle Pagano ou Olivia Rosenthal) ou de thèmes forts du cinéma (le road-movie par Valérie Mréjen)... dont le produit est édité en DVD ou en coffret.
Ce sont parfois les artistes eux-mêmes que Ciclic charge d'ouvrir les voix de l'écriture et d'aider les novices à trouver les idées, les mots, les structures. Ainsi les auteurs Martin Page ou Gauz (celui-ci grâce à l'action Littérature et Auteurs d'aujourd'hui) ont guidé enfants et ados dans des ateliers d'invention littéraire ou dans de véritables exercices ludiques d'expression citoyenne.
Eduquer les regards et le sens critique
Comprendre et analyser l'oeuvre d'art, pouvoir en restituer la portée : depuis toujours, il importe à Ciclic d'éduquer le regard et l'esprit critique de tous les publics. A ce propos, elle offre ce mois-ci deux textes de spécialistes du genre : ainsi Ecrire une critique de film, écrire sur le cinéma de Joël Danet ou La critique littéraire, cette bâtarde de Thierry Guichard composent quelques bases de reflexion autour de cette forme particulière d'écriture et les enjeux qu'elle revêt.
A ce sujet, l'expérience des élèves du Lycée Saint-Charles d'Orléans qui ont découvert le métier de journaliste-critique avant de débattre à leur tour sur La Nuit du chasseur et de se lancer dans l'écriture critique.
Une écriture qui rassemble
Toutes ces créations, tous ces textes n'ont bien entendu de sens que comme véhicule de l'expression des idées, propres à l'échange et au partage. Le texte est par essence destiné à être donné. Il doit être lu par autrui pour déployer toute sa dimension et produire alors sa résonnance. Il se peut parfois qu'il existe un medium : le comédien lecteur, comme dans mille lectures d'hiver, qui va transmettre cette écriture par la lecture à voix haute. Aurélien Lemant nous présente ici les Carnets de route de ces lecteurs, impressions recueillies autour de la réception de ces textes, chez l'accueillant. On retrouve dans ces carnets la diversité des écritures en écho à celle des personnes, dont Aurélien Lemant dit : "Les relire dans leurs errances parcourues de paumes qui se serrent et de joues qui claquent entre deux explosions de lyrisme, c'est m'assurer de ce monde où je vis. Un monde qui mue entre deux rencontres".
