— Publié le 05/02/2018

Cécile Portier
"Vestiges de soi, lignes d'insu"

Une expérience singulière de résidence d'écriture numérique. Ciclic accueille un auteur en résidence sur ciclic.fr pour une des premières exprimentations du labo de création.

Les résidences en région Centre sont multiples, variées et offrent aux auteurs accueillis un véritable temps de création. C'est ainsi qu'ont été imaginées les résidences numériques, qui sont devenues des projets de labo de création littéraire.

L'agence a accueilli virtuellement Cécile Portier, pendant quatre mois. Auteur de plusieurs ouvrages, elle écrit « numérique » depuis plusieurs années, sur son propre blog www.petiteracine.net, dans des revues littéraires en ligne (D'ici là, Contretemps, Remue.net, Ce qui secret, Bacchanales, Les cahiers du trait), pour des projets de livres numériques (sur publie.net) ou de sites web de fiction.

La présence des auteurs sur le territoire semble une évidence. Certains y vivent, d'autres y séjournent temporairement, y sont invités. Nombreuses sont les occasions de les rencontrer, d'échanger voire de travailler avec eux.

Certainement reviendrons-nous au réel en provoquant des rencontres, parce que l’auteur lui-même en exprime le souhait.


Cécile Portier, une auteure en présence sur ciclic.fr
par Guénaël Boutouillet

Cécile Portier était, en 2013, auteure invitée chez Ciclic. Le site et le centre de ressources en ligne de la chaîne patrimoine ont été ses terrains d’investigations et d’invention. Cette « présence virtuelle » (formule aux airs d’oxymore, sans l’être vraiment, le substantif « virtuel » n’étant pas l’antonyme de « réel », mais une déclaration de potentialité), qui a fait suite, différente et complémentaire, à celle de Nathanaël Gobenceaux sur le site de Livre au Centre en 2012, constitue une innovation, une expérimentation, une recherche partagée, qui convient bien à la singularité d’une auteure peu commune.

 

 

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Cécile Portier

Cécile Portier

Cécile Portier, (auto)portrait

Pour faire connaissance avec Cécile Portier, nous lui avons demandé ce qu'elle aimerait dire d'elle, ce qu'elle aimerait confier. Alors, on croise rapidement l’enfance, la famille, la mémoire, le travail et puis l’écriture, présente, de plus en plus.

 « Je suis née en 1968 à Romorantin, dans le Loir-et-Cher, et j’ai vécu toute mon enfance à Selles-sur-Cher, où mes parents vivent encore. Mon père travaillait à l’usine des Céramiques de Touraine, qui a été fermée et délocalisée à la fin novembre 2010. J’ai tenté d’en rendre compte par un texte, qui s’appelle Ce qui reste, qui d’une manière très subjective fait coexister mes propres souvenirs d’enfance de cette usine, et les paroles des ouvriers que j’ai pu recueillir en venant à plusieurs reprises pendant les derniers mois avant la fermeture. Le texte dialogue avec des photographies de Xavier Schwebel, photographe. Ma mère était infirmière à domicile, et j’ai parfois sillonné les routes du sud du Loir-et-Cher et de l’Indre avec elle pendant ses tournées. Après le bac je rêvais de Paris... Après des études littéraires j’ai passé l’ENA, j’ai occupé différents postes au ministère de la culture et je travaille actuellement à la Bibliothèque nationale de France, en tant qu’adjointe du délégué à la diffusion culturelle. J’ai aujourd’hui 44 ans, trois enfants, une vie bien occupée, mais qui ne me dissuade pas de mener parallèlement une activité d’écriture, qui m’appelle de plus en plus fortement.

Une chose encore à dire : j’écris « numérique » depuis plusieurs années, sur mon propre blog www.petiteracine.net, dans des revues littéraires en ligne, pour des projets de livres numériques (sur publie.net) ou de sites web de fiction. J’écris « numérique » aussi dans le sens où c’est le seul « bureau », la seule « chambre d’écriture » possible pour installer et faire vivre mon désir d’écriture : puisque je ne dispose pas de longues plages de temps et d’espace, j’écris dans leurs interstices – sur mon téléphone, dans des fichiers dropbox attrapables depuis partout...

En écrivant ainsi, je vois ce que le numérique change à mes propres pratiques, comment il fait déborder mon écriture vers d’autres formes que celles que j’imaginais initialement (j’ai ainsi de plus en plus souvent recours à l’image et au son dans mes projets de création, non pas comme illustration de mon travail, mais comme point de départ, instance de dialogue). Je vois aussi que le numérique n’est pas qu’un support ou un outil, mais un champ nouveau dans lequel nous sommes tous plongés, qui – pour autant – est encore à investir, à questionner. Et c’est ce que je me propose de faire pendant cette résidence. »

Le blog personnel de Cécile Portier : Petite racine