L’écriture des films et séries en France

Frédérique Bredin, alors Présidente du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), et Pascal Rogard, Directeur général de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), ont dévoilé en avril dernier les résultats de l’étude menée conjointement par les deux institutions sur l’écriture de longs métrages et de séries français.

Un film, c’est d’abord un scénario : l’écriture est, dans son élaboration, une phase cruciale et sensible. C’est aussi le scénario d’un film ou d’une série qui lui permet d’obtenir ses premiers financements. Le soutien à ce stade est déterminant : l’auteur doit pouvoir se consacrer à l’écriture de son projet en étant serein sur ses conditions de rémunération, et dégager du temps pour réfléchir, échanger avec un coscénariste, un dialoguiste, un producteur, et tester différentes versions du scénario.

S'appuyant sur l’analyse de plus de 1 700 contrats d’auteurs d’œuvres cinématographiques et de séries télévisuelles, l'étude dresse un portrait assez fidèle des typologies d’œuvres et de leurs auteurs de fiction tous genres confondus, à cette phase critique de l'élaboration des œuvres. Elle constitue également un point de départ pour mieux protéger et accompagner les scénaristes et améliorer le financement de l’écriture.

Portrait des auteurs 

Dnas le cinéma, 58 % des auteurs ont moins de 50 ans et 71% sont des hommes. L'écriture de série est un genre qui se renouvelle et attire davantage d'auteurs jeunes, leur permettant de faire leurs armes (64% ont moins de 50 ans). Il inclut aussi davantage de femmes (69% d'hommes).
Les auteurs sont dans plus de la moitié des cas également réalisateurs.

L'écriture d'un film ou d'une série :

74% des films sont issus de scénarios originaux (le reste étant des adaptations, pour les trois-quarts d’œuvres littéraires), bien que cette tendance tende à diminuer.

L'écriture se fait généralement à plusieurs mains - en moyenne, 2 scénaristes contribuent à l’écriture d’un long métrage, contre 2 à 10 pour l’écriture d’un épisode de série, en fonction du format. Favoriser une écriture collective permet de respecter la saisonnalité des séries, soit la production d’une saison par année.

Il s'écoule en moyenne 2 ans après la signature du contrat avant la mise en production, et un peu plus de 3 ans avant la sortie en salles. Les scénaristes proposent en moyenne pas moins de trois versions de leur scénario d'origine. Hélas, dans 20% des cas, le scénario n'aboutit pas (la plupart du temps 67% à l'étape du scénario dialogué). En cause : un financement trop risqué, un temps d’écriture trop long, des visions artistiques divergentes ou encore la faiblesse des scénarios finaux.

La rémunération

Moins de 5 % du budget d’une œuvre est consacré à la rémunération des auteurs, même si cette part a augmenté au cours des dernières années. Au cinéma, les dépenses d’écriture représentent (4 % du coût total d’un film - entre 4% et 3% pour les séries). Les contrats des scénaristes de longs métrages prévoient en moyenne 5 échéances de paiement. Les scénaristes touchent jusqu’à un tiers de leur rémunération à la fin du travail d’écriture, soit près de 2 ans après le début du projet. Le risque étant donc porté par l’auteur seul. 

Les auteurs reçoivent dans la plupart  des cas une base fixe (minimum garanti d'avance sur les recettes d’exploitation à venir). L'enveloppe de rémunération fixe médiane, à partager entre les différents auteurs, est de 81 750 € en cinéma et 32 175 € pour un épisode de 52’ pour les séries. S'y ajoute une base proportionnelle, issue d'une part des droits de diffusion (droits d'auteur versés par la SACD). Des rémunérations complémentaires sont également prévues, en fonction du montage financier (obtention de l'avance sur recette du CNC ou d'autres aides, pré-achat par des chaînes,...) ou des résultats d'exploitation (amortissement de l'oeuvre, première diffusion TV, prix ou récompenses...). En pratique, la rémunération complémentaire reste rare pour les scénaristes de séries, faible pour les scénaristes de cinéma. 

Le minimum garanti scénariste moyen perçu par les femmes est inférieur de 30 % à celui perçu par les hommes.

Les perspectives de l'étude :

Suite à cette étude CNC-SACD sur l’écriture, le CNC va poursuivre la concertation lancée avec les professionnels de l’audiovisuel pour développer le second volet de son « Plan Séries », consacré à l’écriture et au développement de séries françaises. Le CNC échangera également avec les professionnels du cinéma pour renforcer le rôle des scénaristes dans la création de longs métrages et améliorer la phase d’écriture.

En parallèle de ces concertations, deux missions seront lancées pour évaluer les principaux besoins du secteur en matière de services aux scénaristes et de formation à l’écriture cinématographique et audiovisuelle.

A noter : le CNC lance une nouvelle aide à l’écriture spécifiquement destinée aux auteurs de jeu vidéo. Cette aide, inédite dans le secteur du jeu vidéo, permet d’accompagner l’élaboration d’une bible de conception présentant toutes les caractéristiques du jeu à venir. Son principal objectif est d’encourager l’originalité et la prise de risque artistique à la naissance d’un projet.

Plus de 20 ans de soutien à l'écriture des 1er et 2e longs métrages :

Région des écritures cinématographiques et audiovisuelles, Ciclic Centre-Val de Loire a renforcé ses aides à l’écriture et au développement. L'aide à l'écriture des 1er et 2e longs métrages de Ciclic est un véritable laboratoire de recherche et développement permettant l'émergence de nouveaux talents. Une étude sur ce dispositif synthétise vingt années de soutien à la création.

  • 139 films soutenus pour 129 “jeunes” auteurs-réalisateurs soutenus entre 1992 et 2010
  • 74 films achevés et sortis en salle ou en passe de l’être, soit plus de la moitié des films soutenus (53%)
  • une moyenne d’intervention de plus de 10 000 € par projet.