Fard - Technique

La rotoscopie

Fard utilise la technique de la rotoscopie dont le principe est de tourner avec de vrais acteurs, puis de dessiner image par image par-dessus l’image réelle. Pour une explication en images, voir la vidéo ci-contre réalisée par Charlimars.

La rotoscopie a plusieurs avantages. Elle peut permettre un réalisme poussé en ce qui concerne les mouvements des personnages et des traits du visage : dans A Scanner Darkly de Richard Linklater (2005) avec Keanu Reeves et Winona Rider, on reconnaissait les acteurs redessinés. Mais la technique laisse aussi la place à des éléments totalement inventés : dans ce même film, le personnage revêt un costume qui fait constamment changer son apparence.

La rotoscopie a été utilisée très tôt dans l’histoire du cinéma. Les premiers à l’expérimenter sont les frères Fleischer. C’est en 1915 qu’ils inventèrent le rotoscope, permettant de rétro-projeter un film image par image sous une table à dessin transparente pour la redessiner, et réalisèrent ce qu’on considère comme le premier film en rotoscopie : Experiment n° 1, d’une durée d’une minute. En 1919, ils réalisent Out of the Inkwell, une série basée sur cette technique, avec le personnage de Koko le clown, et en 1939 ils utilisent la rotoscopie pour le personnage de Gulliver dans leur long métrage Les Voyages de Gulliver, permettant un rendu réaliste du personnage dans un univers très cartoon.

En 1937, Walt Disney avait déjà réalisé un long métrage d’animation en utilisant la même technique : Blanche Neige et les sept nains. Les studios Disney utilisèrent fréquemment la rotoscopie par la suite, notamment pour La Petite Sirène et La Belle et la Bête.

La rotoscopie peut permettre d’ajouter simplement un élément à un film en images réelles, comme l’aspect lumineux des sabres laser de La Guerre des étoiles (Georges Lucas, 1977), qui a été dessiné sur des "sabres" banals grâce à un système de caches et contre-caches. En 1982, les séquences se déroulant dans le jeu vidéo du film Tron sont également traitées de cette façon. Les rayons lumineux que laissent derrière elles les motos et les costumes phosphorescents des personnages en sont le fruit.



Récemment, la rotoscopie est revenue sur le devant de la scène avec les longs métrages A Scanner Darkly et Renaissance (Christian Volkman, 2006), intégralement réalisés dans cette technique, mais aux rendus très différents. L’univers de A Scanner Darkly est fait d’hallucinations et les personnages sont perdus entre rêve et réalité. Dans Renaissance l’univers rendu est beaucoup plus froid et clinique, avec un noir et blanc très contrasté, et rappelle celui de Fard, entre polar et science-fiction.

La rotoscopie est également utilisée pour la création de jeux vidéo, dont le fameux Prince of Persia. Aujourd’hui, les animateurs utilisent plus fréquemment la motion capture (capture de mouvement), car elle prend en compte le volume, ce qui est plus avantageux pour la 3D. Il s’agit de fixer des marqueurs sur le corps de l’acteur. Le mouvement sera alors rendu sur l’ordinateur sous forme de squelette grâce auquel le personnage pourra être créé.

Cécile Giraud-Babouche, 2011