Cycle "D'entre les morts"

Deux conférences et deux films cultes à (re)découvrir !

Le cinéma redonne vie aux fantômes, c’est un art spirite transgressant la rassurante ligne de séparation entre les vivants et les morts. Déjà, les lanternes magiques versaient dans la fantasmagorie, littéralement « l’art de faire parler les fantômes en public ». Le revenant, le mort-vivant, le zombie, et leur mort impossible continuent de fasciner. Il n’est qu’à voir, aujourd’hui, le succès de séries télévisées, comme The Walking Dead, ou le récent engouement pour les Zombie Walks, parades de gens grimés où la mort ne semble être qu’un divertissement festif dans lequel on joue à se faire peur. Mais n’est-ce vraiment qu’un jeu ? Il semble que le zombie, figure vaudou héritée de la lointaine Haïti, soit réputée pour resurgir dans les périodes de trouble et d’instabilité politiques… Constatant la longévité de ces figures fétiches du cinéma de genre, nous remonterons aux sources, à deux films emblématiques, matrices d’inspiration pour de grands cinéastes, qui suscitent une admiration toujours aussi vivace et n’en finissent pas de nous hanter.

Mardi 17 février 2015
18h30 : Conférence Carnival of Souls : Le cinéma et la hantise

Par Karim Charredib, artiste et maître de conférences en arts plastiques à l’Université Rennes 2

20h30 : Projection Carnival of Souls de Herk Harvey
Etats-Unis / 1962 / 84 minutes / N&B
Avec Candace Hilligoss, Frances Feist, Sidney Berger, Stan Levitt, Herk Harvey
Des jeunes gens jouent à faire la course en voiture. L'auto des filles tombe dans une rivière et les passagères se noient. Seule Mary en réchappe, profondément choquée. Comme elle se rend dans l'Utah pour prendre le poste d’organiste dans une petite église, elle aperçoit un fantôme au visage cadavérique.
Présenté et suivi d'un échange avec Karim Charredib.

Mardi 17 mars 2015
18:30 : Conférence Quand il n'y a plus de place en enfer... À propos des zombies au cinéma
Par Karim Charredib, artiste et maître de conférences en arts plastiques à l’Université Rennes 2

20:30 : Projection La Nuit des morts-vivants de George A. Romero
Etats-Unis / 1968 / 90 minutes / N&B
Avec Judith O’Dea, Duane Jones, Karl Hardman, Marilyn Eastman

Johnny et Barbra sont tous deux venus fleurir la tombe de leur père dans un petit cimetière de campagne. Soudain, ils sont attaqués par un étrange vagabond.
Présenté et suivi d'un échange avec Karim Charredib.

Carnival of Souls

C’est l’unique long métrage de fiction de ce réalisateur qui tourna près de 400 documentaires pour une compagnie publicitaire. Un film unique doté d’un budget modeste, tourné en deux semaines avec des seconds rôles trouvés sur place, utilisant le décor hallucinant et onirique d’un parc d’attractions désaffecté au bord du Lac Salé.
Diffusé dans le circuit des drive-in, il tombera très rapidement dans l’oubli pour ressurgir dans les années 80 et acquérir son statut de film culte.
Le film oscillant entre réalisme et rêverie expressionniste, hanté par le vide, le silence et l’absence, est d’une beauté brute renversante inspirant de nombreux cinéastes, de David Lynch à Claude Chabrol.

La Nuit des morts-vivants

Film culte tourné dans des conditions amateures, La Nuit des morts-vivants a fait frissonner des générations de cinéphiles.
La peur qu’il suscite n’est pas due à des effets chocs ou grand-guignolesques, mais à un réalisme froid et objectif : noir et blanc quasi documentaire, acteurs inconnus qui font de leurs personnages des individus comme vous et moi, observation clinique des morts-vivants en action – deux fameuses scènes de cannibalisme qui furent parfois expurgées -, plus une absence générale d’explications qui privilégie l’action brutale.
Mais aussi, un regard politique sévère sur la société américaine : la guerre du Vietnam battait alors son plein, et les problèmes raciaux étaient encore d’actualité.
Aurélien Ferenczi - Télérama